MARCEL et son ORCHESTRE

PUSTULE l'ARDECHOIS


La Cave aux Poètes,
Roubaix le 21 et 22 janvier 2004


Une rencontre fortuite à la CNAF avec une charmante colleuse d'autocollants sur des CD de MARCEL et son ORCHESTRE et me voilà au fond de la Cave aux Poètes qui pour ses 10 ans d'existence sonique, a connu deux jours de tempête force 10. Les fauteurs de ce cyclone, les MARCEL, se sont payés le luxe de sévir deux soirées consécutives en l'honneur de la Cave, l'une acoustique, l'autre électrique. Et ils n'étaient pas venus seuls, dans leur barcasse, vaillamment accroché au mat de la liberté, insensible aux raffarinades comme Ulysse face aux chants des sirènes, PUSTULE l'ARDECHOIS avait le rude privilège de leur ouvrir la route.

Curieux personnage que ce PUSTULE l'ARDECHOIS. Pas marin pour deux sous, c'est l'exemple même du troubadour moderne qui parcourt la vaste France dans son camion au gré des concerts, des festivals et des invitations. Armé d'une gratte et d'une poubelle, il nous raconte le roman des rats, des porcs et autres bestiaux avides de profits un peu comme les trouvères au XIIème siècle déclamaient aux gentes dames et damoiseaux, le roman de renard qui fourmille aussi de tromperies. On a pas le temps de s'ennuyer avec ce sauvage sorti des grottes de l'Ardèche ! Son discours est aussi rebelle que sa musique est punk. Et oui, son mélange poubelle-guitare-, ne fait pas dans la dentelle et ne relève pas des canons star ac ou KASS. Affublé d'une perruque ou d'une crête selon la violence des morceaux, il n'a cesse de nous rappeler que le danger bleu noir est bien plus présent que l'on ne croit tout en chantant la complainte des légumes ardéchois traqués par des végétariens intégristes. Et cela sans jamais tomber dans la pseudo-rebellion bobo bien pensante mais tellement consensuelle. On a du boulot sur la planche si on veut s'en sortir, heureusement que des intermittents survivants à l'image de PUSTULE l'ARDECHOIS, nous donnent le courage de regarder la réalité.

PUSTULE l'ARDECHOIS
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Cette réalité bien bleu noir, teinté de sarkosisme, les MARCEL qui arrivent enfin sur scène, nous la rappellent avec leur amère expérience Lille 2004 (portant rose !), qui a vu leur concert annulé à cause de l'incurie des organisateurs (asso Lille 2004 et son mentor) plus soucieux sans doute de la com que de la réalité. Trêve, c'est passé, on sait à quoi s'en tenir. L'ORCHESTRE, MARCEL, et et son, s'entassent bien que mal dans l'espace qui sert de scène. Ça se tasse sec autant sur la scène que dans la Cave. Impossible de bouger et même d'y voir quelque chose, on se compresse... A grands maux, grands remède et c'est assis à la demande de Mouloud, que les quelques 200 personnes suivront le concert. En version acoustique, c'est faisable, en électrique, impossible sur des hymnes comme Où est donc passé ma pantoufle ou Faire chier la sœur, de rester assis, la soirée électrique, soumise aux mêmes conditions, ne fut qu'un debout, assis, debout, assis un peu comme à la messe et se termina par un debout, debout et debout, les MARCEL, le public et la Cave ne faisant plus qu'un et un seul, une sorte d'entité mouvante multi forme "sous terrestre", sonore et colorée.

MARCEL et son Orchestre acoustique
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Les MARCEL privilégièrent le concert électrique avec un set qui dura plus de 2 heures fort de 31 morceaux inscrits à la set list (contre 18 pour l'acoustique) ; pas de doute, l'électricité les dope et ce n'est pas pour mon déplaisir, j'ai un faible pour les démarrages canons qui laissent de méchantes traces dans les oreilles, pour ces salles qui explosent d'un coup, renvoyant les malheureux photographes dans leur 22 mètres, les obligeant à se replier aux milieu des amplis et des fils avant de les bouler hors de la scène, hors de la fosse aux lions, en périphérie avec la tapisserie. C'est du vécu, je vous le dis. Mais quel trip... Cette promiscuité avant l'éjection fut quand même l'objet d'expériences intéressantes comme recevoir Mouloud sur les genoux ou surprendre Bouli dans ses facettes le plus intimes*... Pour les autres, ce fut parfois plus difficile, une forêt de pieds de micro, des spots, voire des soleils, affolaient la cellule ou l'autofocus, mais à force de contorsions, d'escalades et de production de litres de sueur, on arrive toujours à choper la proie choisie dans un angle d'où elle ne peut s'échapper ! MARCEL, c'est physique et c'est bon.

MARCEL et son Orchestre électrique
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* Photorock n'est pas responsable des agissements du photographe

Frédéric Loridant
Janvier 2004

Frédéric Loridant ©2004