PETER PAN SPEED ROCK

Spirit of 66, Verviers,
le 20 janvier 2004


Pas de capitaine Crochet, pas de fée Clochette, aucune trace des ridicules pantins de Disney ou de la sympathique bande de Loisel, mais trois cinglés sur-vitaminés et ultra-pro répondant au doux nom de PETER PAN SPEED ROCK. Je les avais déjà croisés à Amiens en première partie d'un mémorable concert des NASHVILLE PUSSY et ils m'avaient fait une forte impression méritant largement le SPEED de leur patronyme de guerre. Mais ce n'était qu'une première partie ouvrant la voie à des monstres du rock and roll. Il m'était resté un goût de trop peu, non gommé par le bull NASHVILLE PUSSY qui n'hésite pas à tout niveler sur son passage. Et bien l'occasion faisant le larron et surtout l'envie de me faire karcheriser les oreilles, je me retrouve en pleine semaine dans la froideur nocturne verviétoise pour ne pas rater le météore PETER PAN SPEED ROCK qui passait par là ce 20 janvier.

Le nom est explicite. PETER PAN ré-enchante notre monde matérialiste, SPEED ROCK donne juste le ton et le style de la démarche. Le trio, guitare (Peter)-basse(Bart)-batterie(Bart bis), fait une sauce piquante que l'on pourrait qualifiée de rock punk hardcore aux herbes récoltées dans les jardins des RAMONES, STOOGES ou MC5 pour les plantes du nouveau mode, et dans MOTORHEAD plus consorts pour ce qui est de l'ancien (quoique maintenant Lemmy traîne du côté d'Hollywood). Les compos se suivent, s'enchaînent, bombardent, explosent et ne laissent aucun répit aux spectateurs, pardon aux esthètes de la puissance brute. Les breaks surgissent de partout, les solos grillent les hautes fréquences tandis que la basse maltraite l'ampli et éclate les membranes des HP. Cet apparent chaos n'est qu'un camouflage, tout est maîtrisé, PETER PAN SPEED ROCK est carré, musicalement propre avec un chant qui accentue le côté "méchant garçon" du gros son que crache la sono du Spirit of 66.















Des soirées comme celle là, vécue à mil à l'heure, courte sur la durée mais tellement intense, ne se rencontrent pas toutes les semaines. Tous les voyants étaient verts : la dimension de la salle convenait parfaitement, la scène ni trop grande ni trop petite, était éclairée pas un connaisseur, sans doute un hard rockeux raffiné et le son parfait, les vrilles aiguës de Peter, les roulements de Bart ou les descentes de Bart (bis ) devenant un plaisir pour les oreilles un tant soit peu qu'elles aient été au préalablement déflorées. Mais cette réussite doit beaucoup à un groupe qui gagne ses galons à force de nous offrir des concerts aussi inoubliables que l'histoire de ce Peter Pan, fils d'un capitaine Crochet, idole de Clochette. Quelque part, nous sommes toujours des enfants sensibles aux contes de fées où la puissante peut se retrouver à notre service, et PETER PAN SPEED ROCK fut pour beaucoup ce soir, un enchantement sonique.

Frédéric Loridant
Janvier 2004

Frédéric Loridant ©2004